Les mesures du CNC pour la parité dans le cinéma : où en sommes-nous aujourd’hui ?
Vous en avez peut-être entendu parler, en septembre 2018 ont eu lieu les premières Assises pour la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel. Organisées par le CNC et le Collectif 50/50, ces assisses ont permis de faire la lumière sur l’état de la parité des sexes dans le cinéma et de mettre ainsi en place des mesures nécessaires. Quatre ans plus tard, on peut se questionner sur l’efficacité de ces “solutions”.
Le cinéma, un secteur non-paritaire ?
Comme dans beaucoup d’autres branches du secteur culturel, on observe dans le cinéma français une inégalité importante entre les sexes. Entre 2006 et 2016, on constate que seul 1 film sur 5 est réalisé par une femme en France, soit un ratio de 20% de femmes contre 77% d’hommes. On note aussi qu’en moyenne, les femmes réalisent des œuvres à plus petit budget que les hommes. Le budget moyen d’un film pour un homme est de 3,81 millions d’euros contre 2,23 millions d’euros pour une femme.
Il ne faut pas oublier que les femmes sont également moins récompensées que les hommes. Sur les 42 dernières éditions des César, 81% des nominés sont des hommes contre 19% de femmes et 80% des gagnants sont des hommes contre 20% de femmes. Enfin, seulement 2% des réalisateurs césarisés sont des femmes.
Il est important de souligner que 70% des membres de l’Association pour la Promotion du Cinéma (APC), académie décernant les César, sont des hommes.
C’est avec ces chiffres en tête que le CNC et le Collectif 50/50 ont souhaité mettre en place des mesures ayant pour but de redresser ces inégalités. L’efficacité des mesures créées a ainsi pu être évaluée l’année suivante, aux Assises de 2019.
Les mesures et leurs premiers résultats
Depuis la mise en place de ces mesures, on observe une nette amélioration de la parité homme-femme derrière l’écran. Le “bonus parité”, un bonus remis aux films respectant la parité, a été attribué à 22% des films français en 2019 contre 15% seulement en 2018. Le CNC est capable de mieux distribuer ces bonus grâce aux fiches techniques genrées (équipe technique et masse salariale), obligatoires depuis janvier 2019.
On observe également une amélioration dans les prix attribués. La parité est obligatoire au niveau des présidences et membres de l’ensemble des commissions, ainsi que des jurys des écoles et festivals soutenus par le CNC. En résulte une hausse importante du nombre de films réalisés par des femmes sélectionnés dans les festivals : 37% en 2019 contre 15% l’année précédente.
Il reste néanmoins de nombreuses zones d’ombre dans le secteur du cinéma français. Bien que les femmes constituent approximativement la moitié des étudiants en école de cinéma, elles sont significativement moins nombreuses sur le marché du travail. Une étude sur le devenir des femmes diplômées dans le cinéma est en cours afin de comprendre les freins qu’elles rencontrent et y répondre par des dispositifs appropriés.
En 2019, après la parution de ces résultats, Françoise Nyssen, alors ministre de la Culture, et de nombreux médias ont salué ces premières conclusions mais ont aussi noté leur caractère encore insuffisant.
Et aujourd’hui ?
On peut tout de même se réjouir de certains progrès. En 2021, deux secteurs ont atteint la parité : la distribution (diffusion du film dans les salles de cinéma) et l’exploitation (la projection de films). On note également que le documentaire apparaît comme le genre le plus paritaire : en 2021, 48% de documentaires agréés sont réalisés ou coréalisés par des femmes, contre 26 % dix ans plus tôt.
Les résultats de 2021 nous permettent donc de tirer un bilan plutôt positif de l’état du secteur. Pour la première fois, 32 premiers films de réalisateurs français sont d’initiative féminine, et 5 sont coréalisés par des hommes et des femmes. Des chiffres qui nous indiquent donc qu’une majorité de premiers films (55,2%) est ainsi réalisée ou coréalisée par des femmes.
Pourtant, on discerne toujours une problématique. En effet, la part de films réalisés ou coréalisés par des femmes décroît à mesure que le nombre de films augmente : seul 1/4 des seconds films sont réalisés par des femmes en 2021, une part qui diminue à 21,1 % pour les troisièmes films et plus.
Ce que tous ces chiffres nous disent, c’est qu’une dynamique est bien présente. On observe une véritable féminisation du secteur de la réalisation de films, bien que celle-ci soit encore largement minoritaire. Si nombre d’améliorations ont pu être constatées depuis les Assises de 2018, le chemin est encore long avant d’arriver à une parité parfaite à tous les niveaux du cinéma.
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